Les aphtes
Du grec aptein, qui signifie brulure, les aphtes ne sont ni infectieux ni contagieux. Ils constituent de petites ulcérations de forme arrondie qui se trouvent souvent sur les muqueuses à l’intérieur de la bouche (face interne des joues, des lèvres, sous le collet des dents, sur la langue). Ils sont très douloureux et il faut compter en moyenne 15 jours de guérison, avec une phase aiguë de 4 jours. Peuvent aussi s’ajouter des ganglions au niveau du cou, avec des difficultés à déglutir (il s’agit surtout des aphtes de la langue et du plancher de la bouche).
Un aphte survient lorsqu’un petit vaisseau se bouche, une ulcération apparait, qui se transforme en nécrose, qui crée un petit trou : l’aphte. Plus le vaisseau est important, plus l’érosion est étendue et l’aphte sera conséquent.
Les causes
L’origine des aphtes peut être mécanique, comportementale, médicale ou alimentaire.
Les causes mécaniques
- Un brossage trop énergique avec dérapage de la brosse à dent ;
- Un angle vif au niveau d’une dent ;
- Des problèmes d’adaptation d’une prothèse ;
- Une morsure accidentelle lors de la mastication ;
- Des blessures liées à un tic de mordillement des joues ou des lèvres ;
- Des blessures liées au port d’appareils orthodontiques ;
- Une ulcération liée à la pénétration de la muqueuse par une aiguille lors d’une anesthésie chez le dentiste ;
- Une brulure liée à la consommation d’aliments ou de liquides chauds.
Les causes comportementales
- Le stress ;
- La fatigue ;
- L’arrêt du tabac (sevrage tabagique) ;
- Une hygiène bucco-dentaire déficiente qui déséquilibre la flore buccale.
Durant les premiers mois du sevrage tabagique, des aphtes peuvent apparaitre. Ce phénomène peut s’expliquer par le fait que l’échauffement de la fumée de cigarette provoque un durcissement de la muqueuse buccale. Cet « effet protecteur » se résorbe à l’arrêt du tabac. Par ailleurs, la nicotine du tabac préviendrait l’apparition des aphtes. Les substituts nicotiniques pourraient permettre de réduire ces poussées aphteuses. Pour autant, il ne faut pas persévérer dans la consommation de tabac.
Les causes médicales
- Les maladies qui réduisent les défenses immunitaires (maladies auto-immunes, comme le Sida) ;
- La maladie de Behçet provoque des aphtes au niveau de la bouche et des parties génitales ;
- La maladie de Crohn (inflammation chronique du système digestif) ;
- Certains médicament inflammatoires, anti-stéroïdiens (ibuprofène) ;
- Les médicaments qui traitent les pathologies cardiaques (bétabloquants) ;
- Les médicaments contre l’ostéoporose (tel que l’aléndronate) ;
- Les médicaments qui réduisent la sécrétion salivaire (tels que les antidépresseurs) ;
- La période qui suit une radiothérapie ou une chimiothérapie ;
- Des perturbations hormonales liées au cycle menstruel chez la femme.
Les causes alimentaires :
- Le vinaigre ;
- Les fruits secs (noix, cacahuètes, amandes) ;
- Certains fruits : ananas, kiwis, bananes ;
- Les fromages à pâte dure : gruyère, comté, beaufort, tome, mimolette, cheddar, gouda ;
- Une consommation excessive d’alcool, de tabac ou de café.
Ne pas oublier
Il est possible de prévenir les aphtes en adoptant une hygiène bucco-dentaire rigoureuse : brossage biquotidien, fil dentaire ou brossettes interdentaires, bains de bouche antibactériens qui renforcent l’immunité buccale. Les dents et les prothèses dentaires ne doivent comporter aucun angle vif pouvant irriter les joues, les lèvres ou la langue. Enfin, les personnes ayant une propension aux aphtes pourraient éviter de consommer les aliments listés précédemment (cf causes alimentaires). D’ailleurs, la prise de comprimés contenant de la pyridoxine et du lysozyme réduirait le risque de récidive des aphtes.
Les traitements
En plus des produits appliqués localement, il existe des traitements administrés par voie générale afin de réduire la douleur et favoriser l’immunité buccale.
Les traitements locaux
Le dentiste prescrit des traitements à base d’antiseptiques, d’anesthésiques locaux et d’analgésiques (antidouleur). Ils ne nécessitent pas d’ordonnance médicale et leur application doit être de courte durée.
Si les aphtes sont nombreux et très douloureux, le recours aux médicaments à base de corticoïdes, au pouvoir anti-inflammatoire puissant, est envisageable.
Une biopsie est réalisée par le dentiste dans le cas d’un aphte qui récidive et qui, malgré les traitements locaux, a du mal à cicatriser. On peut ainsi s’assurer du caractère bénin de la lésion et écarter le doute d’un cancer buccal.
Les traitements par voie générale
Il sont à envisager dans le cas où les traitements locaux ne suffisent pas à guérir les aphtes.
Les traitements complémentaires
La médecine traditionnelle peine à convaincre pour le traitement des aphtes. La médecine homéopathique, en revanche, semble donner de bons résultats sur les plans de la prévention et de la cicatrisation. En outre, les douleurs liées aux aphtes sont amorties par certains produits homéopathiques.
Les suppléments vitaminiques (vitamines B, B1, B2, B6) préviennent également l’apparition des aphtes.
Conseils > Appliquez un gel anesthésiant à base de lidocaïne sur l’aphte. La douleur de la phase aiguë est ainsi apaisée. Le produit ne doit pas entrer en contact avec le palais car une sensation d’engourdissement pourrait être ressentie et la déglutition deviendrait gênante.
Les aphtes très douloureux peuvent être traités par votre dentiste, qui applique une solution d’acide trichloracétique diluée à 30%, afin de cautériser l’ulcération. Le processus de cicatrisation est ainsi accéléré et la douleur est réduite.
Bon à savoir > En chirurgie dentaire, le laser permet de traiter les aphtes efficacement et sans douleur. Il cautérise l’ulcération, renforce l’immunité locale et accélère le processus de cicatrisation.
L’acide hyaluronique possède de nombreuses vertus. Il est présent dans l’organisme et est un anti-inflammatoire et un cicatrisant naturel. C’est pour son efficacité dans le traitement des aphtes qu’il est contenu dans certains médicaments.
L’herpès
Il se caractérise par une éruption de petites cloques ou de vésicules souvent douloureuses (appelées « feux sauvages », « boutons de fièvre » en raison de la sensation de brulure qu’elles impliquent). Il s’agit d’une maladie virale contagieuse qui peut atteindre la peau et les muqueuses, en particulier les lèvres, l’intérieur de la bouche, le fond de la gorge, les joues, les narines, le front, l’appareil génital ou encore les yeux.
Cette affection, bénigne chez les personnes en bonne santé, peut s’aggraver chez les personnes en déficit immunitaire ainsi que chez la femme enceinte, dont la barrière placentaire peut être affectée par le virus de l’herpès, qui peut atteindre le foetus.
Les facteurs déclenchant de l’herpès labial
Il survient souvent avant 20 ans sans provoquer de symptômes. Puis, le virus se replie dans les ganglions nerveux et reste inactif dans la zone d’infection.
La survenue d’une nouvelle poussée d’herpès peut s’expliquer par :
- Le stress ;
- Une fatigue excessive ;
- Des émotions fortes ;
- Les menstruations ;
- La chaleur ou le froid extrême ;
- Une exposition solaire prolongée ;
- Un rhume et une montée de fièvre ;
- Le décalage horaire ;
- Des traumatismes liés à des soins dentaires excessifs ;
- Les infections (grippe, angine) ;
- Une consommation d’alcool excessive.
Les crises sont variables en fonction des individus : elles peuvent être régulières ou presque inexistantes.
Les précautions à prendre
Dès les premiers symptômes, l’herpès labial peut être facilement transmis et ce, jusqu’à ce que les croûtes aient séché.
La contamination se fait par contact direct avec les lésions, ou indirect par l’intermédiaire d’objets ayant été en contact avec la salive ou la bouche d’une personne infectée, a fortiori durant la poussée d’herpès.
Tant que les vésicules ne sont pas sèches, il faudra donc éviter toute embrassade. Les contacts oraux/génitaux sont aussi proscrits pour éviter toute contamination dans un sens ou dans l’autre.
Les personnes porteuses du virus de l’herpès doivent se préserver des facteurs déclenchants. Par exemple, un baume protecteur et hydratant peut être appliqué sur les lèvres avant l’exposition solaire.
Les traitements
Le virus ne peut pas être définitivement éliminé du corps mais les symptômes peuvent être soulagés et leur durée réduite.
Les traitements locaux
Des crèmes contenant une molécule antivirale (l’Alciclovir) est délivrée sans ordonnance. Dès l’apparition des premiers symptômes (brulures, picotements), elle doit être appliquée 5 fois par jour, pendant 10 jours maximum.
Des crèmes à base de Doconasol, alcool gras antiviral, peuvent aussi être utilisées.
Les traitements par voie générale
L’Alciclovir peut être prescrit dès l’apparition des premiers symptômes, soit à titre curatif (de 5 à 10 jours), soit à titre préventif (pour plusieurs mois).
Les traitements complémentaires
Un traitement homéopathique peut compléter le traitement traditionnel.
Le cancer buccal
Il est provoqué par la multiplication et la diffusion anarchique de cellules anormales dans la cavité buccale. Il peut se trouver dans la muqueuse de la bouche ou dans les tissus plus profonds comme l’os, le muscle ou les nerfs. Il peut survenir à n’importe quel âge mais son incidence augmente après 40 ans, pour atteindre un pic après 60 ans. Il touche davantage les hommes que les femmes.
Le cancer de la muqueuse buccale est le plus fréquent (90% des cancers buccaux).
La prévention et la détection de ce type de lésions incombe au chirurgien-dentiste traitant.
Les facteurs de risque
La cavité buccale est susceptible de développer un cancer car elle est quotidiennement soumise aux agressions chimiques, mécaniques, bactériennes et thermiques. C’est la combinaison de plusieurs facteurs qui explique son apparition.
Le tabac
En fonction de la fréquence et de l’ancienneté de la pratique, il favorise fortement le cancer buccal.
Les substances majoritairement contenues dans le tabac sont toxiques. En effet, la nicotine crée une forte dépendance. Elle ne serait pas cancérigène mais elle annule l’effet des médicaments anticancéreux. Les goudrons et les facteurs irritants (phénols, acrodynies, aldéhydes) sont, quant à eux, très cancérigènes. Enfin, l’éthanol irrite particulièrement les muqueuses.
La cavité buccale est réchauffée par la fumée de cigarette, ce qui provoque des troubles de la kératinisation des muqueuses buccales et un déséquilibre de l’écosystème buccal. Les fumeurs sont donc prédisposés aux cancers buccaux.
Le cannabis
La fumée de cannabis serait plus cancérigène que celle du tabac (de 3 à 5 fois).
Ce risque accru peut s’expliquer par une concentration plus élevée de certains composants toxiques dans le cannabis (benzopyrène, nitrosamine…). Une consommation de tabac et d’alcool accroit davantage ce risque.
Les fumeurs chroniques de cannabis souffrent aussi d’une diminution du débit salivaire (xérostomie). Le risque de brulures et de blessures des muqueuses, susceptibles de favoriser les lésions cancéreuses, est donc plus fort.
L’alcool
Il n’est pas cancérigène lorsqu’il est consommé seul, mais il favorise la pénétration des substances cancérigènes du tabac (risque de cancer buccal multiplié par 6).
Il dérègle le système enzymatique et induit aussi une irritation des muqueuses buccales, un déficit nutritionnel et une hypovitaminose qui renforce le risque de cancer buccal.
L’alimentation
Une alimentation déséquilibrée, pauvre en fruits et légumes, augmente sensiblement le risque de développer un cancer buccal (de 20 à 60%).
Les compléments alimentaires (antioxydants) peuvent favoriser la lutte contre l’apparition d’un cancer de la bouche.
Les facteurs de risque mécaniques
Le cancer buccal peut s’expliquer, en partie, par des angles vifs ou par des blessures d’inadaptation des prothèses, qui induisent des ulcérations qui peinent à cicatriser.
Conseils > Le chirurgien-dentiste doit polir l’angle vif d’une dent ou d’une couronne abîmée. Des irritations mécaniques répétées qui ne cicatrisent pas sont susceptibles de causer des cancers buccaux. La consultation est donc impérative. En attendant, la zone irritée doit être protégée par de la cire orthodontique déposée sur l’angle vif ou sur les bagues orthodontiques. L’infection peut aussi être évitée par un bain de bouche ou un gel antiseptique.
Une hygiène bucco-dentaire déficiente perturbe l’équilibre de la flore buccale et favorise l’apparition d’un cancer.
En raison de leur système immunitaire affaibli, les personnes dépressives auraient une prédisposition aux cancers buccaux.
Certains gènes peuvent aussi prédisposer aux cancers buccaux.
Enfin, l’âge entre en compte dans la mesure où une personne de plus de 70 ans est plus susceptible de développer un cancer buccal qu’une personne de 20 ans.
Les symptômes
Vous devez être particulièrement vigilant et consulter votre dentiste si :
- Une ulcération ou une blessure ne cicatrise pas malgré le traitement ;
- Une ulcération ne guérit pas 10 jours après la suppression de l’agent irritant ;
- L’aspect de la muqueuse change, se fissure, s’épaissit, prend du relief, se durcit ou devient verruqueuse ;
- Une muqueuse buccale devient inflammatoire et congestive de manière chronique ;
- Une induration apparait au niveau de la lésion buccale ;
- Un aphte semble ne pas guérir ;
- Des ganglions indolores apparaissent ;
- La joue s’épaissit ;
- Des plaques blanches ou rouges apparaissent ;
- Une excroissance dans la bouche ressemble à une verrue.
En outre, un dentier mal ajusté, un saignement ou une douleur dans la bouche ou sur la lèvre, une difficulté à bouger la mâchoire ou la langue, un engourdissement de la bouche ou du visage, une voix enrouée de longue date ou des difficultés à mastiquer ou à déglutir doivent aussi attirer votre attention.
Détection et traitement du cancer buccal
L’auto-observation permet de déceler une anomalie des muqueuses, ainsi que des visites régulières chez le dentiste (au moins une par an), qui décèle les signes d’une transformation d’une lésion précancéreuse en une tumeur maligne.
Une biopsie est pratiquée pour infirmer ou confirmer la suspicion d’une lésion cancéreuse. Elle permet de mettre en évidence le caractère malin de la lésion. D’autres examens peuvent s’avérer nécessaires : des examens mycologiques, bactériologiques ou virologiques ; des examens radiographiques et un bilan sanguin. Ils permettent d’établir une stratégie thérapeutique. La cancer de la bouche se traite principalement par un acte chirurgical, qui peut être associé à une radiothérapie et à une chimiothérapie.
Conseils Au début de la maladie, le cancer de la bouche peut ne laisser apparaitre aucun symptôme et être indolore, d’où l’importance des visites régulières chez le dentiste ou chez le médecin, qui peuvent le détecter précocement. Plus le cancer est diagnostiqué précocement, plus son traitement est efficace, surtout si l’exposition aux facteurs de risques est réduite
Les candidoses buccales (ou « muguets »)
Elles constituent des infections causées par un champignon, le candida albicans. Elles sont des micro-organismes présents sur la peau, dans la cavité buccale, dans le tube digestif et au sein des voies génitales féminines. Lorsque le candida albicans se multiplie, une candidose survient, accompagnée d’une infection de la peau ou des muqueuses.
Elles peuvent se trouver :
- Au niveau de la langue avec l’apparition d’une coloration noire, qui peut aussi s’expliquer par le tabac ou par la prise de certains médicaments.
- Au niveau des lèvres avec des perlèches (dépôts blanchâtres au coin des lèvres), qui occasionnent des fissures nécessitant une consultation médicale.
- Sur les joues et le palais avec des dépôts blanchâtres, qui peuvent provoquer des picotements et des brulures, ainsi que des rougeurs et une sensation de sécheresse buccale.
Les patients souffrant de candidoses buccales ressentent aussi un goût métallique.
Les causes
- Un système immunitaire affaibli (personnes atteintes du Sida par exemple) ;
- Le diabète, qui engendre un déficit salivaire, favorise le développement des infections ;
- La prise d’un traitement antibiotique détruit les germes ciblant la maladie traitée et les bactéries qui forgent l’équilibre de la flore buccale. Le patient est alors plus vulnérable mais la prise de levure peut compenser ces effets ;
- L’âge peut aussi être à l’origine de ces affections. Le système immunitaire des nourrissons n’est pas encore totalement développé ;
- Le port de prothèses dentaires et le déficit salivaire qu’elles entrainent rend la muqueuse buccale plus vulnérable ;
- La consommation d’alcool et de tabac ;
- Une hygiène dentaire déficiente.
Les traitements
Si elle ne sont pas dangereuses chez les sujets en bonne santé, les candidoses peuvent se diffuser rapidement par la circulation sanguine et atteindre les organes vitaux chez les sujets dont le système immunitaire est affaibli. Le traitement doit donc être engagé le plus tôt possible.
Mesures de prévention
- Hygiène dentaire rigoureuse : brossage biquotidien, bains de bouche antiseptique.
- Nettoyage des prothèses dentaires avec une solution antiseptique à base de chlorhexidine ou de bicarbonate de soude. Il faut aussi éviter de les porter la nuit.
- S’hydrater en cas de sécheresse buccale, par la consommation de chewing-gums sans sucre, qui favorisent le processus salivaire, ou par la prise de solution de salive artificielle.
Les traitements locaux
Les symptômes commencent à se dissiper après 3 ou 4 jours de traitement mais la prise des médicaments est à poursuivre au moins deux semaines afin d’éliminer complètement l’infection.
Des principes actifs antifongiques sous forme de gels (Miconazole, Fluconazole) ou sous forme de suspensions buvables (Nystatine) sont efficaces.
L’action du principe actif est maximisée si aucune nourriture ou boisson n’est consommée 30 minutes après l’application du traitement.
Les traitements par voie générale
Les molécules prescrites sont les mêmes que celles sous forme locale mais elles se présentent en comprimés. Pour être efficace, le traitement doit être poursuivi au moins deux semaines. Pour le Fluconazole, 1 comprimé de 100 mg doit être ingéré une fois par jour, pendant 14 jours.