La bouche : une porte d’entrée pour les maladies

La bouche - Cabinet AMZALAG
La dent est un organe vivant composé d’un nerf, de vaisseaux sanguins et de fibres nerveuses. Elle communique par voie sanguine avec l’ensemble du corps. Une infection dentaire peut engendrer la diffusion des germes jusqu’aux organes vitaux. C’est pourquoi il est impératif de prévenir les infections bucco-dentaires et un bilan dentaire est exigé avant toute opération chirurgicale importante (cardiaque, ophtalmique, orthopédique, greffes).

Les dents et le coeur

Chez les personnes à risques cardiaques, notamment en cas de malformation cardio-vasculaires, des complications graves, voire mortelles, peuvent survenir dans le cas d’une infection bucco-dentaire non traitée.

L’endocardite infectieuse

Dans la plupart des cas, dans le cadre d’une infection dentaire, les bactéries peuvent se propager dans la circulation sanguine, atteindre le coeur et le traverser sans danger.
Dans d’autres cas, ces germes peuvent se fixer d’une manière élective sur du tissu cardiaque abimé, sur une valve cardiaque fragilisée ou sur une valve cardiaque artificielle (prothèse valvulaire) et, provoquer ainsi une endocardite. Cette endocardite peut alors entrainer de graves complications pouvant être fatales comme une insuffisance cardiaque grave en cas d’atteinte des valves.

Personnes à risques

Les hommes sont deux fois plus à risque que les femmes.
Les personnes ayant eu un rhumatismes articulaire aigus (RAA), qui est une complication d’une angine à streptocoque durant l’enfance devront faire l’objet d’une surveillance particulière.
Ce streptocoque à l’origine d’angines, peut induire chez certains enfants des douleurs articulaires quelques semaines après. Plus rarement, il peut apparaitre ultérieurement chez ces personnes, des lésions de l’endocarde (enveloppe interne du coeur) et des valves cardiaques. Ce tissu cardiaque vulnérable peut être colonisé par des germes d’origine dentaire avec des conséquences graves voire mortelle : c’est l’endocardite infectieuse.
Les principales personnes à risque sont des sujets de plus de 60 ans ayant eu une calcification des valves, soit des porteurs de prothèses valvulaires, soit des sujets ayant une malformation congénitales.

Ne pas oublier

Quelques précautions à prendre
Il faut signaler toute pathologie à votre dentiste. Ainsi, une dose d’antibiotiques (antibioprophylaxie) sera prescrite une heure avant tout soin dentaires, même pour un simple détartrage.
L’amoxicilline (de la famille des pénicillines) est l’antibiotique le plus couramment prescrit. Toute allergie doit être signalée pour que votre dentiste puisse vous prescrire une autre famille d’antibiotiques.

Autres accidents cardio-vasculaires

Un mauvais état de santé dentaire associé à d’autres facteurs de risque (tabac, alcool, diabète, mauvaise alimentation, obésité…) pourraient majorer la survenue d’accidents cardio-vasculaire.
Il existe en particulier un lien entre une mauvaise hygiène bucco-dentaire à l’origine de la maladie parodontale et les accidents cardio-vasculaire. Dans ce contexte, les bactéries buccales peuvent essaimer dans la circulation sanguine générale et traverser ainsi tout l’organisme.
Notre système immunitaire, très vigilant, peut identifier ces germes comme des intrus et déclencher une inflammation locale au niveau des artères dont les parois gonflent et s’épaississent : on parle d’athérosclérose.
Cette pathologie est à l’origine d’accidents graves : infarctus du myocarde, accident cardiovasculaire cérébral ou encore rupture d’anévrisme.

Maladie parodontale et athérosclérose

De nombreuses études scientifiques ont étudié les liens existant entre la maladie parodontale et l’athérosclérose. Deux mécanismes scientifiques peuvent expliquer cette relation.

Une action directe :
Des bactéries parodontales se retrouvent dans la circulation sanguine et viennent se greffer sur un vaisseau préalablement lésé pour former des plaques d’athérome. A l’instar du tartre dans des canalisations d’eau, ces plaques d’athérome peuvent boucher les artères avec des conséquences désastreuses.

Une action indirecte :
Des médiateurs pro-inflammatoire (cytokines) vont être produits par les gencives fragilisées et vont pénétrer alors dans la circulation générale pour se retrouver au niveau des plaques d’athéromes. Nous pouvons donc raisonnablement penser qu’une mauvaise hygiène bucco dentaire et que la maladie parodontale (troubles liés au déchaussement dentaire) sont des facteurs de risque pour les maladies cardiovasculaires.
La parodontite et l’athérosclérose sont donc deux pathologies distinctes qui présentent des facteurs de risques communs (tabac, obésité et diabète). C’est pourquoi des visites régulières chez son chirurgien-dent permettront d’être doublement sensibilisé à ces principaux facteurs de prédisposition.

En conséquence, les chirurgien-dentistes, les médecins généralistes et les cardiologues doivent être unis dans cette politique de prévention.

Le stress, l’adrénaline et l’anesthésie

L’adrénaline, hormone sécrétée naturellement par le corps humain dans des situations de stress est également présent dans les solutions anesthésiques.
L’anxiété et le stress liés aux soins dentaires induisent chez le patient une augmentation de la production d’adrénaline, avec pour conséquence une élévation du rythme cardiaque, de la vitesse de contraction du coeur et de la pression artérielle. Ces effets vont être amplifiés par la présence d’adrénaline dans l’anesthésie dentaire. Par conséquent, l’utilisation de l’adrénaline devra faire l’objet de précautions particulières chez les patients hyper-tendus ou présentant des troubles du rythme cardiaque.

Il sera donc essentiel de signaler à votre chirurgien-dentiste tout antécédent cardio-vasculaire ainsi que les traitements médicamenteux en cours. En effet, les traitements anticoagulants et anti-agrégants plaquettaires augmentent les risques de saignement prolongé, voire d’hémorragie, notamment au cours d’actes de chirurgie buccale. Pour plus de sûreté, le chirurgien-dentiste peut se concerter avec le médecin traitant afin de s’accorder en toute sécurité sur une planification des soins.

Les dents et les sinus

Une infection dentaire peut engendrer une sinusite car l’espace entre les dents et le sinus maxillaire est étroit.

Le sinus maxillaire

Les sinus du visage sont des cavités creusées à l’intérieur des os du crâne. Elles sont remplies d’air.

Il existe trois types de sinus facial : le sinus frontal, le sinus éthmoïdal et le sinus maxillaire. Ce dernier se trouve au sein de l’os maxillaire, il est en contact avec les fosses nasales. Sa base est proche des racines des prémolaires et des molaires supérieures.

La muqueuse sinusale est la couche cellulaire qui recouvre les parois de ce sinus. Elle permet de le protéger des bactéries et des résidus présents dans l’air. Elle parvient aussi à réchauffer l’air qui pénètre au niveau des sinus maxillaires. Enfin, elle assure un rôle de défense immunitaire puisqu’elle contient des cellules de l’immunité.

La sinusite maxillaire

Souvent d’origine dentaire, elle constitue une infection des sinus dont les causes majeures sont :

  1. L’infection d’une ou plusieurs racines des prémolaires et des molaires supérieures en lien avec le sinus. La sinusite est alors traitée par l’éradication de l’infection dentaire.
  2. L’effraction de la muqueuse du sinus suite à l’extraction d’une dent, entrainant une communication entre la cavité buccale et le sinus. Une intervention chirurgicale peut rétablir une fermeture étanche afin de bloquer toute communication bucco-sinusienne.
  3. La projection accidentelle d’un fragment de pâte dentaire utilisée pour obturer les canaux (dans le cas d’une dévitalisation) au-delà d’une racine dans le sinus. Cet incident est souvent inconséquent mais il peut parfois causer une sinusite aiguë. Un drainage par voie chirurgicale ou endoscopique permet alors l’élimination de ce corps étranger.

Bon à savoir

Des sensibilités ou des douleurs au niveau de dents visiblement saines peuvent être ressenties dans le cas d’une sinusite. C’est que le sinus enflammé est proche de certaines dents. Une radiographie panoramique ou un scanner confirmera ou infirmera l’origine dentaire de la sinusite.

Les dents et le diabète

Un patient dont le diabète n’est pas équilibré est enclin à développer des problèmes buccodentaires : problèmes parodontaux (déchaussement), apparition de caries, résistance déficiente aux infections microbiennes, troubles des glandes salivaires, retard de cicatrisation.

Le trouble des glandes salivaires

Le sujet diabétique connait une sécheresse buccale (xérostomie), renforcée par les traitements spécifiques à la maladie.

Les caries

D’une part, l’hyperglycémie augmente le taux de glucose de la salive. L’émail subit alors une attaque acide qui favorise le développement rapide des caries. D’autre part, la sécheresse buccale, ou xérostomie, favorise l’accumulation de la plaque dentaire : le risque carieux est donc accru.
Les problèmes parodontaux (déchaussement des dents)

L’inflammation des tissus de soutien des dents constitue la maladie parodontale, ou parodontite. Une gencive enflammée qui saigne, d’éventuels abcès et des dents mobiles la caractérisent.
Le diabète favorise la maladie parodontale pour deux raisons :

  1. Le processus de guérison des plaies au niveau des gencives est altéré par l’hyperglycémie, ce qui engendre la multiplication des bactéries responsables de la parodontite.
  2. La sécheresse buccale, qui favorise l’accumulation du tartre, renforce l’inflammation des gencives et de l’os autour des dents.

Les candidoses buccales

L’accumulation de champignons (candida albicans) dans la bouche provoque une infection appelée candidose buccale. Elle se caractérise par des tâches blanchâtres dans la bouche (plus particulièrement sur la langue et la face interne des joues).

L’accroissement du taux de sucre dans la salive, l’affaiblissement des défenses immunitaires ainsi que la sécheresse buccale favorisent ces infections.

Brûlures et troubles du goût

Des sensations de brûlures de la muqueuse et de la langue, associées à une diminution du goût peuvent être ressenties.

Mauvaise haleine (halitose)

Elle s’explique par une accumulation de composés acides dans le sang d’une personne atteinte de diabète (acidocétose diabétique).

D’autres symptômes peuvent aussi ressentis : vision floue, fréquence élevée des urines, perte de poids injustifiée, soif ou faim excessive.

La consultation chez son médecin traitant est conseillée si un ou plusieurs symptômes et/ou une ou des manifestations buccales sont éprouvés.

Les infections potentielles pouvant aggraver le diabète sont prévenues par une hygiène dentaire soignée et des visites de contrôle régulières.

Bon à savoir

La détérioration des vaisseaux sanguins et des fibres nerveuses entraine un dysfonctionnement du signal d’alarme de la douleur, ce qui augmente le seuil de résistance à la douleur du sujet diabétique car les affections dentaires sont détectées et ressenties plus tardivement.

Les dents et les yeux

La diffusion de bactéries issues d’une infection dentaire peut causer des poussées d’uvéites répétées. Cette pathologie est une inflammation de la tunique moyenne de l’oeil qui se manifeste par des rougissements et une perte d’acuité visuelle. La guérison est rapide dès lors que l’infection dentaire est supprimée.

La canine était anciennement appelée la « dent de l’oeil » car sa racine, particulièrement longue, se trouve à proximité de l’orbite. Une dévitalisation de la canine peut engendrer une réaction inflammatoire au bout de la racine, causant, pour quelques jours, des douleurs dans cette zone.

Ne pas oublier

Certaines opérations de l’oeil requièrent un bilan bucco-dentaire pré-opératoire (clinique et radiologique). Avant qu’une opération soit programmée, votre dentiste doit traiter tous les foyers infectieux. Pour une opération de la cataracte, le cristallin est remplacé par une prothèse qui peut être investie par des bactéries dentaires. Si tel est le cas, une nécrose de l’oeil peut se développer, ce qui compromet le résultat de l’intervention, voire une perte éventuelle de la vue.

Les dents et le système musculo-articulaire

Les troubles musculaires ou articulaires peuvent s’expliquer par une dent absente, une infection dentaire ou un problème d’emboitement.

Les dents et les muscles

Les médecins du sport défendent le lien de causalité entre une infection dentaire et une fatigue musculaire. Si une dent est infectée, les bactéries se diffusent par voie sanguine et se fixent sur un tendon ou un muscle déjà fragilisé. Ces migrations favorisent les tendinites et les claquages musculaires. Le traitement des infections dentaires favorise la résolution rapide des problèmes musculaires.

Bon à savoir :

La carrière de grands sportifs peut être perturbée par des problèmes dentaires. Certains joueurs de football ont vu la signature de leur contrat annulée suite à une visite médicale au cours de laquelle des infections dentaires ont été détectées. Elles peuvent entrainer des pubalgies répétées (infection douloureuse du pubis, des muscles ou des tendons avoisinants).

Les dents et les articulations

La première articulation mobile du corps est celle des mâchoires, qui permet l’occlusion des dents et détermine l’équilibre des autres articulations. Lorsque la bouche est fermée, les dents doivent se toucher simultanément et s’emboiter parfaitement les unes sur les autres. Un défaut d’emboitement des dents, même minime, peut faire dévier la mâchoire et amorcer des répercussions sur l’équilibre du squelette. En outre, une dent extraite et non remplacée entraine des mouvements des dents voisines, ce qui provoque une dysharmonie de l’articulé dentaire.

Le centre de gravité du corps et ses liens avec les zones cervical, dorsal et lombaire reposent sur le bon emboitement des dents. Ils peuvent donc être perturbés par ce même centre de gravité.

Bon à savoir

Au-delà de la dimension esthétique, l’orthodontie permet de rétablir un articulé idéal des dents. De nombreux sportifs portent des appareils dentaires pour ce motif. D’ailleurs, les médecins du sport ont établi que les performances sportives sont meilleures après un traitement orthodontique qui avait pour but de rétablir l’équilibre des mâchoires.

Les dents et le bruxisme

Le bruxisme désigne le serrement et/ou le grincement incontrôlé et excessif des dents en dehors de la mastication. C’est un trouble fréquent, qui survient particulièrement pendant le sommeil. Il est possible d’effectuer un dépistage du bruxisme afin de prévenir ses conséquences dévastatrices. Il peut être causé par une prédisposition génétique, par le stress, par la prise de certains antidépresseurs, par des troubles de l’occlusion ou par la consommation de certaines drogues (ecstasy ou stimulants).

Les conséquences du bruxisme

Le bruxisme a de nombreuses répercussions :

  • Au niveau dentaire : l’usure des dents peut éreinter la dentine, le tissu minéralisé brun ou jaune sous-jacent à l’émail. À un stade avancé, cette usure peut amener des signes de pulpites : une inflammation du nerf de la dent qui conduit à la dévitalisation, voire à des nécroses pulpaires si le nerf de la dent est infecté. En outre, les structures du parodonte, gencives et os maxillaire, peuvent être ébranlées si le seuil de résistance des tissus de soutien est franchi. La mobilité des dents favorise le bruxisme, qui accélère la chute des dents.
  • Au niveau des articulations temporo-maxillaires : l’état de contracture du muscle ptérygoïdien externe peut provoquer une douleur qui apparait du côté opposé où s’effectue le grincement des dents. L’articulation temporo-mandibulaire de ce même côté peut aussi présenter un craquement. Enfin, dans certains cas (trismus) l’ouverture de la bouche peut être compliquée et limitée.
  • Au niveau des muscles : une activité prolongée des muscles de la mandibule est susceptible d’occasionner une impression de fatigue qui, à la longue, peut se transformer en maux de tête et en douleur lancinante, irradiante au niveau du cou, de la nuque, des épaules et des muscles crâniens.

Les traitements possibles

Le bruxisme peut être surmonté par :

  • Une prise de conscience de cette habitude involontaire. Cette présence d’esprit permet une auto-surveillance dans la journée.
  • Un équilibrage des dents pour un emboitement parfait entre les dents du haut et celles du bas. Le chirurgien-dentiste peut rétablir cette harmonie.
  • Le port de gouttières, qui favorise le repos des muscles de la mastication. L’usure nocturne des dents est ainsi freinée.
  • La kinésithérapie spécialisée permet aussi la relaxation des muscles masticatoires.
  • La psychothérapie de soutien ou l’hypnose permettent une prise de conscience et une meilleure gestion du stress.
  • Le botox (toxine botullique) peut être injecté dans les muscles élévateurs. La puissance du muscle est figée, ce qui diminue sa force. Ce traitement, qui ne présente pas d’effets secondaires, dure huit mois, puis il faudra un an au patient retombé dans le bruxisme pour reconstituer la masse musculaire préexistante.

Les dents et le risque infectieux opératoire

La réussite d’une intervention chirurgicale peut être compromise par une infection dentaire, qui peut avoir des conséquences dramatiques. Avant toute greffe, le traitement des infections dentaires est impératif car le corps étranger (prothèse ou organe) ne doit pas être envahi par les bactéries.

Certaines interventions cardiaques réalisées en urgence amènent le chirurgien à indiquer l’extraction d’une dent suspecte.

Il faut savoir que les médicaments anti-rejets diminuent les défenses immunitaires des patients greffés. Une infection dentaire, même minime, peut avoir de lourdes conséquences sur l’organisme affaibli. La chirurgie orthopédique et la chirurgie oculaire requièrent la même vigilance. Dès lors, un bilan bucco-dentaire (clinique et radiologique) est souvent prescrit lors du bilan préopératoire. Il permet de traiter les foyers infectieux potentiels.

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