Orthodontie de l’adolescent
Un traitement orthodontique assure des bénéfices multiples. Sur le plan esthétique, il promet un joli sourire, un alignement idéal des dents, ce qui donne au visage un caractère harmonieux. Sur le plan fonctionnel, un emboitement normal des mâchoires permet une mastication efficace et réduit le risque de développer des problèmes au niveau des articulations. Sur le plan médico-dentaire, des dents alignées permettent un brossage plus efficace ; les risques de développement de caries et de déchaussement dentaire sont donc moindre. Enfin, sur le plan psychologique, un beau sourire donne confiance et permet de s’épanouir plus facilement dans la société.
À quel âge l’adolescent doit-il débuter un traitement ?
Lorsque les décalages sont importants au niveau des mâchoires, un traitement est nécessaire dès l’âge de 7 ans. Mais, en règle générale, c’est aux alentours de 11-12 ans que le traitement orthodontique est entamé. Le praticien peut bénéficier de la croissance des mâchoires pour réduire plus facilement les décalages au niveau des mâchoires et des dents. En outre, ce traitement devra être préalablement accepté par l’adolescent, qui, à cet âge, est plutôt réceptif aux bénéfices à venir d’un traitement plus ou moins long. Le moment est donc idéal car attendre serait prendre le risque d’un refus catégorique quelques années après (aux alentours de 13-14 ans), sous prétexte qu’un dispositif souvent métallique est peu esthétique, à un âge où les disgrâces liées à la puberté sont déjà nombreuses.
La Sécurité sociale rembourse en partie les traitements orthodontiques si les soins sont commencés avant la seizième année. Il est toutefois fortement conseillé de souscrire à une mutuelle complémentaire car elle ne couvre que très rarement l’intégralité des honoraires de l’orthodontiste.
La visite chez l’orthodontiste
L’orthodontiste réalise un examen détaillé qui regroupe de nombreux paramètres : la façon de s’exprimer, de mastiquer, d’avaler. Il observe aussi l’harmonie du profil ou encore l’espace disponible permettant aux dents d’évoluer ou non. Il peut aussi détecter la persistance de mauvaises habitudes telles que la succion du pouce ou la respiration par la bouche. Dès la première consultation, le praticien possède une vision d’ensemble et peut déterminer la nécessité d’entreprendre un traitement. Cet examen est ensuite complété par la prise d’empreintes, de photographies de face et de profil ainsi que par des radiographies. Ainsi, l’orthodontiste est en mesure d’établir un plan de traitement en fonction des déséquilibres diagnostiqués. Le traitement est bien sûr adapté aux problèmes spécifiques de chacun.
Point médecine > Une radiographie du poignet permet de fournir des renseignements indispensables sur la taille future de l’enfant, mais sert également à établir son âge osseux, qui ne correspond pas toujours avec son âge civil. Or, la conduite d’un traitement orthodontique dépend de la maturation osseuse constatée par cet examen.
Les indications de l’orthodontie
Elle permet de corriger les malpositions dentaires afin d’établir un emboitement idéal des dents. En fait, c’est le confort fonctionnel et l’harmonie générale du sourire qui sont visés.

Point médecine > Comment définir l’emboitement idéal des dents ?
On peut considérer que l’emboitement est idéal lorsque, les mâchoires fermées, les incisives (dents de devant) du haut mordent légèrement devant et par-dessus les dents du bas et que les dents du fond (prémolaires et molaires) s’intègrent parfaitement les unes aux autres. Cet emboitement des dents du haut et du bas s’appelle l’occlusion dentaire.
Deux types d’anomalies peuvent engendrer une malposition des dents :
- On parle de dysharmonie dento-maxillaire lorsqu’il y a un défaut d’espace, lié à une absence d’harmonie entre la taille des dents et celle des arcades dentaires. Ce cas de figure peut causer des déséquilibres. Des espaces disgracieux peuvent apparaitre si des dents étroites occupent des mâchoires trop larges pour elles. Aucune gêne fonctionnelle majeure n’en découle, hormis un caractère inesthétique. Par ailleurs, des problèmes d’alignements peuvent être causés par l’apparition de dents plus larges que les mâchoires qui les accueillent. Ce phénomène touche particulièrement les canines et les incisives. Les dents se positionnent alors de façon désordonnée ou sont parfois bloquées à l’intérieur de l’os.
Si le manque de place est très conséquent et que l’orthodontiste ne peut faire autrement, l’extraction sélective d’une ou de plusieurs dents définitives sera alors nécessaire. Il est à signaler, qu’à l’heure actuelle, les praticiens pratiquent ce type d’extraction avec le plus grand discernement. En effet, dans la plupart des cas un compromis sera fait et on préfèrera accepter de légères malpositions pour éviter de provoquer un éventuel déséquilibre de la denture par ces extractions préventives.
- Un défaut de position peut aussi expliquer un mauvais alignement. Ce cas de figure peut causer des déséquilibres : des dents du haut ou du bas trop ou pas assez en avant ou des dents du haut recouvrant de façon excessive ou insuffisante les dents du bas. Ces malpositions dentaires sont aisément corrigibles par l’orthodontie sauf si elles sont associées à des décalages trop importants au niveau des mâchoires et qu’elles n’ont pas été traitées entre 7 et 11 ans. Dans ce cas, un traitement chirurgical des mâchoires peut être envisagé car le seul traitement orthodontique est insuffisant. On parle alors de chirurgie othognatique.
Le mécanisme du traitement orthodontique
L’efficacité du traitement orthodontique repose sur un jeu de forces légères et constantes appliquées sur les dents. Ces pressions réorientent délicatement les dents afin d’obtenir un alignement et une occlusion satisfaisantes. Un mécanisme spécifique s’organise autour de la dent pour qu’elle puisse se déplacer.
Le système « multi-attaches », communément appelé « les bagues », est le dispositif le plus utilisé dans le cadre du traitement orthodontique. Il consiste à poser des anneaux ceinturant les molaires alors que, dans le même temps, des boitiers sont collés sur la surface externe des autres dents. Un fil élastique en forme d’arc relie l’ensemble. Cet arc est tendu et modelé en fonction des types de déplacements dentaires souhaités.
Il existe des bagues en céramique transparente, plus discrètes que les celles en métal. Elles sont toutefois légèrement plus onéreuses, fragiles et elles jaunissent avec le temps.
Durée, fréquence, douleurs et risques liés au traitement
En règle générale, 12 à 24 mois suffisent à un traitement orthodontique complet. Mais dans des cas plus complexes, la période de traitement peut être allongée. En général, 4 à 8 semaines espacent chaque séance chez l’orthodontiste.
L’appareil orthodontique peut être perçu comme un corps à la fois présent et étranger. Si le dispositif comporte des aspérités ou des angles vifs, les risques de blessure et de saignement de la langue et de la joue existent. Il faut alors consulter rapidement pour arrondir les angles. En attendant le rendez-vous, de la cire orthodontique disponible en pharmacie peut être appliquée. Elle permet d’isoler les parties coupantes des muqueuses blessées, qui peuvent être recouvertes de gel antiseptique afin de favoriser leur cicatrisation.
En outre, certaines douleurs peuvent se faire sentir. Une sensation d’étau peut être causée en raison de l’action constante de l’appareil. Des maux de tête peuvent alors survenir. Ils peuvent être dissipés par des médicaments antalgiques (paracétamol). Ces douleurs peuvent être plus vives après les séances chez l’orthodontiste, qui resserre l’appareil. Ce resserrement accentue les sensations de tension.
La mastication peut aussi être compliquée, ce qui induit un impact négatif sur l’humeur de adolescent qui n’éprouve plus autant de plaisir qu’avant à manger. Mais ces effets se dissipent rapidement.
La configuration anfractueuse (irrégulière) de l’appareil rend la pratique du brossage difficile. L’hygiène bucco-dentaire doit être encore plus rigoureuse : une brosse à dents spécialement conçue pour l’orthodontie est recommandée, ainsi que l’utilisation d’un bain de bouche antiseptique et des brossettes interdentaires. Une chute de la qualité du brossage des dents et des gencives peut provoquer une inflammation des gencives (gingivite) et favoriser le développement de caries.
Le recours à la chirurgie
Si les décalages au niveau des mâchoires n’ont pas été traités pendant l’enfance, le recours à la chirurgie orthognatique est possible car le traitement orthodontique ne suffit pas pour réduire ces anomalies.
S’il peut être réalisé à tout âge, ce traitement est particulièrement recommandé chez l’adolescent en fin de croissance ou chez le jeune adulte. Il est réalisé par un chirurgien maxillo-facial sous anesthésie générale et est spécifiquement indiqué pour les mâchoires trop avancées ou trop reculées, lorsque l’espace entre les dents du haut et celles du bas est trop important ou lorsqu’un sourire laisse trop apparaitre les gencives.
L’acte chirurgical est souvent précédé et suivi d’un traitement orthodontique afin que la thérapie chirurgicale soit totalement efficace.
La contention orthodontique
Un dispositif fixe (attèle) ou amovible (gouttière), qui vise à stabiliser la nouvelle position des dents, est indispensable après le traitement orthodontique qui a opéré un étirement de fibres élastiques autour des dents, qui vont avoir tendance à les ramener dans leur position initiale. Ces dispositifs permettent donc à ces fibres de se réorganiser et de se stabiliser autour de cette nouvelle disposition. Ils sont indiqués pendant plusieurs mois voire plusieurs années.
Malgré le port de la contention, ce nouvel alignement peut être perturbé par la percée des dents de sagesse, qui devront donc être surveillées.
Les dents de sagesse
Parce qu’elles apparaissent à la fin de l’adolescence, elle sont communément appelées « dents de sagesse », ou « dents de l’amour » en Corée et « dents de 20 ans » en Turquie.
Elles font leur apparition entre 16 et 25 ans et constituent les troisièmes molaires définitives. Parfois absentes, du fait de la réduction de la taille des mâchoires au cours des siècles, elles sont généralement au nombre de quatre et sont de forme et de taille variable. Elles tendent à disparaitre dans les générations futures.
Quand les extraire ?
Dans certaines situations, il va être préférable de ne pas conserver les dents de sagesse pour prévenir l’apparition de certains problèmes consécutifs à leurs poussées :
En cas de manque de place :
Dans le cadre d’un traitement orthodontique, l’examen des radiographies peut permettre de déceler un manque d’espace permettant la bonne poussée des dents de sagesse. Il sera alors préférable d’envisager l’extraction de ces dents à leur état de germe, entre 12 et 14 ans : c’est la germectomie. A ce stade, les racines des dents de sagesse n’étant pas encore formées, leur extraction est ainsi facilitée.
En cas de poussée douloureuse :
Il arrive souvent que la dent de sagesse ne sorte que partiellement et soit recouverte d’un capuchon de gencive. Des bactéries peuvent alors se loger dans cette zone et entrainer une infection des tissus entourant la dent. C’est la péri-coronarite.
On peut alors ressentir des douleurs lancinantes dans la mâchoire ainsi que des maux de gorge assimilés à une angine. Des ganglions peuvent également apparaitre sous la mâchoire et s’accompagner de difficultés à ouvrir la bouche (trismus). A ce stade, votre dentiste, pourra vous prescrire des antibiotiques associés à des bains de bouche et des antalgiques (paracétamol). Ce traitement pourra être suffisant pour dissiper l’infection en quelques jours. Si ces incidents se reproduisent, il sera alors préférable d’envisager l’extraction.
Dans le cas de la péri-coronarite, bien que la gencive soit très douloureuse, il sera très important d’assurer une hygiène rigoureuse au niveau de la dent afin d’éviter toute surinfection;
En attendant de consulter votre dentiste, l’application d’un gel antiseptique à l’aide d’une brosse à dent ultra souple (brosse à dent chirurgicales) pourra être complété par des bains de bouche.
En cas de dent incluse ou semi-incluse :
L’axe de la dent de sagesse étant horizontal ou oblique, celle-ci sera bloquée par la seconde molaire voisine et ne pourra faire son apparition dans bouche. Pour éviter des complications, l’extraction sera indiquée.
En cas de grosses caries :
Dans la cas où la carie serait trop importante et la dent difficilement accessible au brossage, le risque de récidive de carie sera majoré et il sera alors souhaitable d’extraire la dent.
L’opération des dents de sagesse et leurs suites
C’est sous anesthésie locale que l’extraction des dents de sagesse est le plus souvent réalisée. En fonction du nombre et de la position des dents à extraire, une ou plusieurs séances peuvent être nécessaires. En amont, le dentiste prescrit un examen radiologique (radiographie panoramique) afin d’analyser la position des dents de sagesse. Si elles se situent à proximité d’éléments anatomiques, il est préférable de réaliser un examen radiographique plus précis, en trois dimensions (cone-beam ou scanner). Il fournira des images qui localisent précisément ces zones à risque. Les éventuelles complications lors de l’intervention seront ainsi anticipées. Il s’agit de complications au niveau des dents du bas ; la lésion du nerf dentaire inférieur ou du nerf lingual peut entrainer des pertes de sensibilité au niveau de la lèvre et de la langue (paresthésies). Au niveau des dents du haut, la projection de la dent de sagesse dans le sinus peut nécessiter une nouvelle intervention pour récupérer ce corps étranger dans le sinus.
Un traitement antibiotique est prescrit dans la plupart des cas par le dentiste. Il est à débuter le matin de l’intervention et à poursuivre pendant 6 à 8 jours, ainsi que des bains de bouche et des antalgiques (paracétamol). Pour certaines interventions plus complexes, un médicament anti-inflammatoire peut être prescrit.
Différents types de suites opératoires peuvent apparaitre après l’intervention : saignements, douleurs, gonflement de la joue ou encore une limitation d’ouverture de la bouche (trismus).
Quelques astuces
Après l’extraction, les saignements peuvent être stoppés en exerçant une pression durant quelques minutes sur le site concerné avec une compresse stérile. Il faut aussi éviter de se rincer la bouche et de cracher au cours des 24 heures qui suivent l’opération pour que la coagulation du caillot sanguin se fasse normalement.
La douleur est variable d’une personne à une autre mais elle est aisément calmée par la prise régulière d’antalgiques.
Une poche de glace (posée 10 minutes chaque heure), enroulée avec du tissu afin d’éviter les risques de brulures, et des granules homéopathiques d’arnica peuvent diminuer l’oedème (gonflement de la joue).
Le risque d’apparition d’un trismus peut être atténué par l’application de la glace et la prise d’un médicament anti-inflammatoire.
Les comportements à risque
Durant l’adolescence, le jeune pense être invulnérable. La consommation de tabac, d’alcool, de drogues, les tatouages et la pose de piercings font partie des possibilités quotidiennes. Les premiers dégâts de ces comportements sont directement visibles par le dentiste, qui passe en moyenne plus de temps avec les jeunes patients que les autres médecins. Loin du discours moralisateur, il peut conseiller ces jeunes patients, leur faire part d’un point de vue objectif. C’est la raison pour laquelle une relation de qualité est essentielle entre le dentiste et son patient.
Le flirt
Les germes se transmettent inévitablement par le contact de deux cavités buccales, c’est-à-dire par les baisers. Toutefois, plus l’hygiène et l’état de santé des deux partenaires sont satisfaisants, moins les risques sont élevés. En revanche, la contagion n’est pas exclue si l’une des deux personnes est malade. Tout dépend de la nature du germe et de sa présence ou non dans la salive. Il faut rappeler que certaines maladies graves comme le Sida ou l’hépatite B ne se transmettent pas par la salive mais il est important que les deux partenaires aient des dents et des gencives en bonne santé pour limiter toute contamination par le sang. Ce constat concerne particulièrement les relations bucco-génitales.
Le tabac et le cannabis
Il n’est pas nécessaire de dire au dentiste que l’on fume. Il s’en rend compte par lui-même. La mauvaise haleine, l’aspect brulé des gencives, la présence importante de tartre, les colorations brunâtres au niveau de la langue et des dents et la perte de goût sont autant de signes avant-coureurs. Le dentiste pointe habilement toutes ces détériorations visibles mais aussi celles à l’oeuvre plus profondément dans le corps, dont le jeune adulte n’a pas toujours conscience.
La consommation de tabac peut provoquer un cancer de la bouche. Elle a aussi un impact négatif sur les gencives et sur l’os qui entoure les dents. Des problèmes de déchaussement peuvent donc survenir à moyen terme. Le cannabis, dont la substance active est le THC, prédispose le jeune adulte à développer des problèmes de déchaussement et les brulures qu’il provoque au niveau des muqueuses favorisent l’apparition de candidoses buccales (champignons) et de cancers de la bouche. Les composants toxiques contenus dans le cannabis sont encore plus dévastateurs que ceux contenus dans le tabac.
Point médecine > Le THC (tétrahydrocannabinol) agit sur les macrophages et les lymphocytes. Il affaiblit leur résistance face aux infections bactériennes et virales au niveau de la bouche, le patient est plus susceptible de développer des problèmes parodontaux (déchaussement).
Le THC entraine aussi une diminution du débit salivaire (xérostomie), ce qui favorise le développement de caries et risque de déchaussement des dents. En outre, les brulures des muqueuses accroissent le risque de cancers buccaux.
L’alcool
L’alcool irrite les muqueuses buccales, dessèche la bouche, charge l’haleine d’une odeur particulière et rend la langue pâteuse. En outre, l’alcool est fortement concentré en sucre, ce qui entraine une macération acide qui favorise le développement de caries fulgurantes. Les défenses immunitaires souffrent d’une consommation trop élevée d’alcool, qui peut entrainer la prolifération de germes et déboucher sur l’apparition de maladies de gencives (parodontites).
Il faut souligner que l’alcool n’est pas cancérigène en soi mais lorsqu’il est associé au tabac, le risque de cancer buccal est multiplié par six car il favorise alors la pénétration des substances cancérigènes du tabac.
Les piercings
Le piercing en bouche, souvent au niveau de la langue, peut engendrer des complications multiples : transmission de maladies dues à l’utilisation de matériel mal stérilisé (Sida, Tétanos, Hépatite B), hémorragie de la langue, passage du piercing dans les voies respiratoires, en étant avalé par accident. Il peut aussi provoquer une allergie au métal. Un courant électrique en bouche peut survenir par la présence simultanée de métaux de différentes natures. Enfin, une perte ou une modification du goût, des difficultés au cours de la mastication ou de la prononciation et des irritations des muqueuses peuvent être ressenties. Cette liste des risques peut suffire à dissuader celui qui voudrait se faire percer à l’intérieur de la bouche.